Je remercie Adamante d'être allée à sa soirée de clôture
et pour cet article qui m'a beaucoup émue, je l'en remercie
(Arnaud est mon fils aîné)
Soirée de clôture d’une exposition de peinture
Samedi, soirée de clôture d’une exposition qui ressemblait à son auteur, non pas à ces impostures convenues en fonction de la mode et du courant. Au travers de la causticité annoncée, j’ai lu une profonde douleur, un cri enseveli, incandescence du volcan retenu par une croûte résistante. Orange, dans la nuit de couvaison, le magma agité de spasmes s’insinuait à travers les failles pour en trouver l’issue et exploser au grand jour. Libre enfin, libre tout simplement.
Je n’ai pas pris les œuvres en photo, juste leur auteur. Un profil à la Nougaro, un regard acéré, interrogatif, sans insistance car soucieux de ses interlocuteurs. Ici, les visiteurs n’affectaient pas de contenance, ils étaient à l’aise, ils étaient eux-mêmes. Lui, à la fois présent et retiré au milieu du monde, je l’ai senti profondément aimant, hésitant à le laisser paraître, non par crainte de se montrer, mais par souci de rester discret. De cette discrétion, il tirait sa présence. Présence à la fois rayonnante et effacée.
J’ai apprécié cette soirée de clôture, sous le regard des œuvres qui, comme leur maître, vibraient à la façon des lumières d’un sous-bois, prégnantes et discrètes à la fois. À aucun moment, je ne me suis sentie mal à l’aise, comme je peux l’être dans certaines de ces manifestations culturelles où chacun cherche à donner le change, voletant avec cette légèreté savante et étudiée des esprits éclairés qui ignorent pourtant tout de la lumière. Je garde toujours de ces moments un sentiment de profonde insatisfaction. Je ne conçois le jeu que sur scène, incarner l’autre n’est pas facile, c’est de l’art, mais se poudrer pour se cacher n’est que mensonge. Ici, pas de mensonge. La soirée, animée par un groupe de musiciens et chanteurs de jazz amis venus lui rendre hommage, me semblait un regroupement d’ermites s’ébrouant au cœur de la ville au sein d’un ermitage commun où chacun pouvait conserver l’intégrité de son âme.
Je suis partie sans regret à la pause, au bon moment, emportant avec moi la satisfaction du partage. L’amour est une terre qui sait laisser couler ses rivières souterraines de douleur et d’imperfection sans tenter de les assécher.
Oui, cette exposition, je l’ai vue comme un sourire sur une blessure, un précieux moment de tendresse, la mise en scène d’une matière brute, porteuse, dans ses aspérités et ses imperfections, de la plus belle chose au monde : la vie.
Adamante Donsimoni le 23 février 2015 dépôt sacem
(photo Adamante)